Comme
je vous l'annonçais il y a une bonne vingtaine de jours, j'ai trouvé sur mon lieu de séjour
un festival international de musique de chambre. J'ai donc sauté sur l'occasion pour me rendre à un concert, qui était le concert « jeunes talents » du festival. Au programme, trois pianistes : Natacha Kudritskaya, Louis Lancien et Anastasya Terenkova ; également un clarinettiste quand-même, Pierre Génisson.
* * * * *
Le programme de la première pianiste, Natacha Kudritskaya, était assez original à mon goût, et même amusant : elle alternait des danses de Rameau et des pièces de Bério, et ce en les enchaînant très rapidement, souvent même dans la résonnance de la fin de la pièce précédente, si vous voyez ce que je veux dire. J'ai trouvé ça très sympathique, surtout que je ne sais pas si cela l'aurait été en interprétant d'une part les danses de Rameau, et d'autre part les pièces de Bério ! Les transitions sonnaient tantôt comme dans un même ton ou dans un même caractère, et tantôt la pièce qui arrivait était en totale rupture avec la précédente.

J'ai noté, de Bério, ce qui doit être au départ un cycle de pièces :
Wasserklavier, Erdenklavier, Luftklavier, Feuerklavier. Quatre pièces dont j'ai trouvé qu'elles reflettaient vraiment bien les quatre éléments en question. L'eau très coulante, la terre très massive et posée, l'air que l'on sent filer avec le vent, le feu énergique - pour exemples !
L'attitude de la pianiste, en revanche, était un peu décevante. Au lieu de recevoir les applaudissements chaleureux, elle entre et sort de scène la tête baissée et avec à peine un regard au public. Elle ne semblait en fait pas vraiment contente de ce qu'elle avait fait, mais, le problème est qu'elle le montrait justement, semblant vouloir ignorer le public tout en lui montrant qu'elle n'était pas fière de sa prestation... un peu dommage, car on a vraiment l'impression d'applaudir pour rien - ou de se dire que zut, on avait trouvé ça bien alors qu'apparemment cela ne l'était pas !
* * * * *

Vient le tour de Louis Lancien. Au programme, la
Sonate n°32 de Beethoven, le
Regard de l'Esprit de Joie de Messiaen, et une étude de Ligeti intitulée
Fanfares. Le programme n'est pas dans le bon ordre, si bien qu'en réalité, je l'avoue, je n'ai pas sû distinguer Ligeti de Messiaen. La sonate, quant à elle, commençait bien, puis je l'ai perdu dans le second mouvement qui trainaît en longueur.
* * * * *

Après l'entracte vient la clarinette ! Pierre Génisson donc, clarinette solo à l'orchestre de Bretagne depuis septembre dernier - il a 22 ans. Les
Trois pièces pour clarinette seule étaient très réussies. Ce que j'aurais à dire, c'est simplement que j'ai trouvé qu'il bougeait beaucoup - trop, donc - dans la première pièce, pourtant très calme et posée. Le programme a continué par la
Première sonate (en fa m) de Brahms. Oeuvre superbe, et également très bien interprétée, avec Florence Génisson au piano. Le pupitre mis comme aide-mémoire sur le côté n'a pas semblé lui être très utile tout le long de son programme. Très belle prestation en tous cas !
* * * * *

On n'a aucun à priori sur la qualité de jeu d'une pianiste quand elle rentre sur scène. Pourtant, quand Anastasya Terenkova apparaît, elle fait sentir tout de suite qu'elle maîtrise son sujet - les
Tableaux d'une exposition, de Moussorgski (surtout après les piètres grises mines de la première pianiste !). Beaucoup plus sûr d'elle, elle se montre consciente et, je vous assure, du coup, on est complètement décontracté pour l'écouter. C'était une merveille ! Je n'avais jamais entendu ces
Tableaux en concert, et le caractère de chaque mouvement se faisait sentir dès le départ. On sentait la pianiste qui jouait complètement - parfois trop, je l'accorde - les pièces, dans le sens théâtral du terme. Elle était dans le caractère, et elle semblait même parfois étonnée de ce qui sortait de sous ses doigts (quand il le fallait) !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez donc votre commentaire !
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.