Emmanuel Pahud... simplicité et brillance

La facilité de jeu associée à la limpidité du son et des émotions, la pure aisance associée à une intensité sans pareil... Superbe concert jeudi soir à l'Auditorium de Lyon.

Au programme de la soirée, une oeure de Maurice Ravel qui m'était totalement inconnue, intitulée Alborada Del Gracioso, assez courte mais très sympathique, très bien pour introduire le concert à mon goût.

Puis, pour la première partie, la Fantaisie pour flûte et orchestre de chambre op. 79 de Gabriel Fauré (orchestrée par Louis Aubert)... oeuvre assez courte, mais sublime ! Le son de la flûte se mêle à l'orchestre ou se détache à merveille suivant les besoins de la pièce ; la légèreté tant dans les thèmes langoureux et amoureux que dans des passages que l'on doit pouvoir qualifier de légèrement virtuoses (hum.. on se comprend !)........... mais quelle agilité ! Et puis, il l'aime bien, comme il nous a expliqué, et c'est une première pour lui dans cette orchestration, donc il nous l'a rejouée après de très généreux applaudissements !

Du coup, la même chose multipliée encore dans le Concerto pour flûte et orchestre de Jacques Ibert, que je ne connaissais pas non plus. Si je me souviens bien, les premières notes de la flûte dans le premier Allegro sont déjà envoûtantes mais si rapides, et ce n'est qu'un trait parmi les autres... et pourtant les suivants sont techniquement pires (en tous cas à les entendre !), et menés toujours avec tant de dextérité ! Les trois mouvements sont vraiments des plus agréables à écouter, interprétés par un flûtiste si agile, et surtout si confiant et déterminé : son jeu de scène allie tendresse et effervescence, il s'amuse avec le chef, l'orchestre et les différents pupitres suivant les répliques qu'ils lui donnent... impressionnant !

Et en bonne seconde partie, pour parfaire le tout une petite Symphonie de Rachmaninov (la seconde), pendant laquelle je ne me suis pas ennuyé... le troisième mouvement, Adagio, est presque une pièce de soliste pour la clarinette, très bien menée par François Sauzeau derrière son pupitre... Les mouvements rapides éclatent par leur fourmillement d'effets dans les différents pupitres, leurs thèmes charismatiques et déterminés, parfois presque à la façon de musiques de films avec les cuivres.

Je n'ai pas parlé du chef, et cependant il en vaut vraiment le coup ! C'était Yannick Nézet-Séguin, un jeune (32 ans) chef canadien plein de vie, de fougue et d'ardeur. Il n'a pas cessé de s'agiter dans tous les sens (parfois trop ?), et pourtant cela ne m'a pas dérangé. Il a très bien mené l'ensemble de l'orchestre, que ce soit pour la symphonie ou en accompagnement d'Emmanuel Pahud. Je n'ai pas eu les yeux rivés sur lui pendant tout la durée, mais, vraiment, je crois que c'est un excellent chef qui a du talent et qui mérite largement ses nombreuses nominations et expériences à l'international !

Alors, si vous en avez l'occasion... profitez-en ! Emmanuel Pahud est encore ce soir à l'Auditorium de Lyon !